Les jours s'écoulaient sans qu'elle n'eut le temps de les observer réellement. Elle était perdue, loin de chez elle et Kaimy n'était pas de ses lionnes qui s'adaptent facilement. Elle était timide et facilement déstabilisée, apeurée. Heureusement pour elle, son courage et son esprit de détermination compensait la crainte naturelle qui l'habitait constamment. Son cœur déchiré tremblait dans sa poitrine fatiguée et ne faisait que confirmer le mal être qui l'habitait. Comment remédier à cette plaie qui la rongeait de toute part? Pour un ange, difficile de se retrouver prisonnier, dans un monde où la guerre et l'égoïsme sont les seules lois.
Guidée par des voix intérieures qu'elle ne comprenait pas toujours, la jeune lionne cherchait un endroit où se reposer pour le reste de la nuit. Hélas ses efforts étaient vain et elle perdait patience. D'ordinaire, elle aurait surplombé les alentours grâce à ses magnifiques ailes blanches mais pour l'heure elle ne pouvait plus la mener où elle le souhaitait. Soupirant, elle constata que son ennuie ici était perpétuel, intarissable. Elle ne rencontrait personne en dehors des cadavres qui jonchaient le sol. Ils semblaient lui crier: Ne reste pas petite. Tu finiras comme moi. Ses visages aurifiés en putréfaction avaient raison de la sensibilité de la louvette, qui ne parvenait pas à les oublier et les retrouvaient chaque nuit dans ses rêves. Chaque soir, la crainte de les revoir et de se plonger dans leur sang noirci par l'horreur se faisait plus grande. Tous ses visages décomposés qui défilaient avec malveillance devant ses yeux endormis la terrifiait.
Scrutant l'horizon rougit par le coucher de l'astre de lumière, la belle accéléra sa marche. Elle avait fière allure dans ce paysage morne et sombre. Je l'ai peut être déjà dit, mais elle avait vraiment l'allure d'un ange... Les lignes de sa tête étaient épurées, fines et gracieuses. Ses yeux étaient profonds, habités d'un bleu électrique et incroyablement doux. Elle semblait si légère quand elle marchait, qu'on aurait pu croire, qu'elle planait au dessus du sol.
Quelques mètres plus loin, un rideau de feuillage vert lui apparut. Intrigué par les branchages qui se détachaient avec beauté du paysage désertique, elle se dirigea en leur direction. Méfiante, ses petites oreilles noirs se plaquèrent sur le haut de son crâne. Son souffle était léger, mais tout son corps semblait être sur la défensive, près à bondir ou plutôt à fuir.
Ne voyant aucune autre présence, elle laissa son fin museau traverser le feuillage. Puis sa tête et enfin tout son corps. Éblouie par l'enchantement de l'endroit elle cru un instant qu'elle rêvait. Les parois de la grotte étaient entièrement recouverte d'une glace miroitante semblable à des milliers de miroirs. La lionne s'approcha lentement, totalement aspirée par son reflet qu'elle n'avait jamais vu de façon aussi net. Elle fut par ailleurs étonnée de l'image d'elle qu'il lui renvoya. Elle ne se trouva laide, difforme, dénuée de vie et de joie. Une petite voix intérieure qu'elle connaissait bien lui souffla:
"Pourquoi tu me regardes comme ça ?"
Fronçant les sourcils, elle eu un mouvement de recul et et regarda ailleurs. Cependant peu importe où elle tournait ses yeux, la grotte de cristal lui renvoyait la même image.